La genèse du projet : une ville en pleine expansion
En 1840, le gouvernement accepte l’aménagement d’une station à Tourcoing sur la ligne reliant Roubaix à Courtrai. Le réseau est prolongé six ans plus tard jusqu’à Lille. La densité des flux de voyageurs comme de marchandises contraint la Compagnie des chemins de fer du Nord à lancer la construction d’une véritable gare. Les travaux débutent le 11 décembre 1904 et la gare est inaugurée par le président de la République Armand Fallières (1906-1913) en déplacement à Tourcoing le 3 juin 1906 à l’occasion de l’Exposition Internationale des Industries Textiles.
Un véritable monument pour remplacer la « mesquine » station
Sur une longueur totale de 110 mètres, le nouveau bâtiment est conçu en cinq parties distinctes : un corps central légèrement saillant est encadré de deux ailes à un niveau, chacune bordée par un pavillon d’extrémité en léger hors-oeuvre. Le vaste ensemble permet d’accueillir de nombreux services pour les voyageurs (buvette, hôtel de quinze chambres, buffet, etc.) ainsi que des locaux destinés aux services administratifs (télégraphe, douane et commissariat spécial de police).
Un article de L’indicateur de Tourcoing du 12 décembre 1905 rend compte de la nature du bâtiment, réel monument de la ville qui contraste avec l’ancienne et modeste station : « on est d’accord pour admirer l’aspect architectural de la nouvelle gare, l’ancienne était si pitoyablement mesquine ! »
L’architecte, Sidney Dunnett (1837-1895), qui a consacré toute sa carrière au service de la Compagnie du chemin de fer du Nord et à qui on ldoit notamment les gares de Roubaix et de Lille-Flandres, a puisé son inspiration dans l’architecture française héritée de la Renaissance : corps central en saillie, encadré d’ailes et de pavillons et éléments décoratifs comme les pilastres. Seules la nef monumentale à armature d’acier et sa verrière couronnée d’une horloge dans un petit campanile contrastent par leur modernité.
Un bâtiment central du tissu urbain tourquennois
La gare de Tourcoing s’inscrit dans l’urbanisme moderne de la ville en fermant la grande perspective de l’avenue Gustave Dron, bordée d’immeubles bourgeois destinés à faire bonne impression sur le voyageur. Elle fait la liaison directe entre le centre-ville et le boulevard de ceinture. Le tracé des voies entraîne toutefois une rupture dans la ville, en isolant un de ses quartiers, l’Union qui se tourne alors vers Roubaix et Wattrelos.