Un peuple façonné par le fleuve et l’eau
Pour comprendre les paysages de l’Amiénois, il faut se saisir de leur origine. Le quaternaire, période qui débute il y a environ deux millions d’années, est marqué par la succession d’épisodes glaciaires (au cours desquels d’immenses glaciers recouvrent une grande partie du globe) et d’épisodes interglaciaires (marqués par le dégel et la fonte des glaciers, qui deviennent des cours d’eau). Avec le réchauffement du climat il y a environ 10 000 ans, le fleuve Somme creuse son lit.
La vallée de la Somme est exploitée très tôt par l’homme, comme en témoignent les découvertes archéologiques à Saint-Acheul. Son impressionnante coupe stratigraphique montre l’accumulation de 450 000 ans de dépôts sédimentaires qui permet d’étudier l’alternance des climats et leur impact sur les paysages actuels. De vastes marécages recouvrent en partie un relief hérité des grands froids. L’exploitation de la tourbe change l’aspect de la vallée qui se creuse de vastes étangs, séparés par de minces langues de terre. Le fleuve Somme guide les circulations et oriente l’urbanisation. Il permet aussi aux Hommes d’exploiter ses nombreuses richesses, comme en témoignent les hortillonnages.
Les hortillonnages, un paysage fragile
Ce site exceptionnel réparti sur quatre communes (Amiens, Camon, Rivery et Longueau) est constitué d’une mosaïque de 300 hectares de jardins maraîchers et d’agrément. Près de 67 km de canaux étroits, peu profonds et encadrés de berges fleuries, cernent pas moins de 400 îles, elles-mêmes divisées en plus de 1300 parcelles. Enserrées par les bras de la Somme et de l’Avre, ces parcelles sont séparées par de petits canaux appelés « rieux » en picard. Le paysage actuel est l’héritage de plusieurs siècles d’exploitation par l’Homme.
Cultivés depuis le Moyen Âge par les hortillons (les maraîchers d’Amiens), ces jardins flottants du cours de la Somme profitent d’une terre enrichie par des alluvions où les légumes poussent à profusion. L’emprise des activités humaines aux hortillonnages est moins forte qu’il y a un siècle. Entre les espaces très entretenus, la nature reprend ses droits. Flore et faune sauvages en profitent, donnant au site un intérêt écologique reconnu au niveau européen. Fin 2017, Amiens intègre la convention internationale Ramsar, un label qui salue son engagement dans la préservation et la valorisation des zones humides.