Histoire d’une redécouverte
Probablement édifié dans la première moitié du 14e siècle, le jubé sépare à cette époque le chœur liturgique réservé au clergé de la nef à laquelle ont accès les fidèles. Depuis sa plate-forme, un lecteur ou un chantre relaie auprès de l’assemblée l’office des chanoines qui se tient dans le chœur à l’abri des regards.
Au milieu du 18e siècle, dans le cadre de la Contre-Réforme, le jubé de la cathédrale est détruit. En tant que mobilier liturgique consacré, ses fragments sont ensevelis sous le sol de la cathédrale, puis oubliés. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, des fouilles archéologiques révèlent les précieux vestiges du jubé.
Une grande qualité ornementale
Les vastes proportions du jubé, 10 mètres de long, presque 2 mètres de profondeur et 4 mètres de hauteur, offrent de larges possibilités décoratives. La galerie de façade propose un jeu de profondeur et de légèreté, renforcé par les fines colonnettes aux chapiteaux sculptés. La façade occidentale est percée d’une porte flanquée de deux autels installés dans la paroi où se devinent encore des décors peints aux tons rouge, bleu et or. L’autel de gauche appartenait à la chapelle de la Gésine, connue pour être celle dont Jean Calvin fut le chapelain avant de quitter la ville pour ses études à Paris.
Deux escaliers aménagés dans la maçonnerie permettent d’accéder à une large plateforme. Cette dernière est ornée d’une balustrade composée de vingt-trois arcatures ajourées. Cette plate-forme accueillait à l’origine six statues : le Christ en croix entouré des statues de Jean, de Marie et de trois anges. Au centre, la porte était close par une grille en fer forgé. La façade orientale, tournée vers le chœur liturgique, est quant à elle dépourvue de décor.