Une construction du 12e siècle
Érigé au 12e siècle par Raoul de Vermandois (vers 1085-1151) entre la cathédrale et le palais royal, l’hôtel de Vermandois est l’un des rares vestiges d’architecture civile de cette époque dans le nord de la France. Cousin germain et compagnon d’armes de Louis VI le Gros (1081-1137), Raoul de Vermandois voit dans cette réalisation un moyen de rester proche du pouvoir. En effet, le palais royal de Senlis a été reconstruit à la même époque par Louis VI, puis régulièrement visité par Louis VII (1120-1180).
Raoul de Vermandois a pris soin de construire une version réduite du palais rebâti par Louis VI le Gros, dont il est le voisin. À l’origine, l’édifice s’élevait sur trois niveaux : une cave à demi enterrée, un rez-de-chaussée légèrement surélevé et une grande salle avec des arcatures qui était directement en communication avec le rempart. Le niveau de la cour devait être celui de la cathédrale ; cela permettait au rez-de-chaussée de s’ouvrir sur un plafond haut de 4,40 m. Il est probable que l’hôtel se déployait à l’origine sur un plan plus vaste avec, sans doute, la grande salle d’apparat reliée à des appartements.
Les profondes restructurations des 16e et 18e siècles
Au 16e siècle, le faste n’est plus de mise. L’édifice est restauré dans le but d’arriver à une meilleure distribution de l’espace et un logis plus confortable. Une tour d’escalier octogonale est érigée, des fenêtres sont créées dans les murs et la toiture est entièrement refaite.
À la fin du 18e siècle, le niveau du sol est remonté, l’accès au jardin de l’hôtel se fait par un escalier. Lorsque le 28 janvier 1791, l’hôtel est vendu à Marie-Anne Charlotte Firmin, l’acte de vente décrit l’édifice comme un véritable hôtel de province, composé d’un vestibule, d’une salle à manger, d’une antichambre, de plusieurs chambres, d’un grenier, d’une cave et d’une cuisine aux côtés d’une écurie dans la cour.
De multiples usages
En 1819, la mairie de Senlis acquiert l’édifice pour en faire une école communale ; des travaux sont alors conduits sur plusieurs années afin que les pièces soient chauffées. En 1880 l’abbé Müller publie une monographie sur Senlis, donnant son nom à l’édifice, « L’hôtel de Vermandois ». Sa valeur archéologique est alors soulignée pour la première fois. Il faut cependant attendre 1933 pour que la tourelle et la toiture soient inscrites au titre des monuments historiques et 1942 pour que la tour gallo-romaine soit classée. En 1964, le musée d’archéologie et d’histoire est transféré au rez-de-chaussée de l’hôtel. L’hôtel est fermé depuis 2007, les collections ont été transférées au palais épiscopal. La ville de Senlis mène aujourd’hui une réflexion autour du projet de restauration et de réhabilitation de cet édifice emblématique de l’espace public senlisien
Média associé : Musée d’Art et d’Archéologie – L’hôtel de Vermandois