Une forteresse médiévale
À l’origine, Chantilly est une forteresse médiévale cantonnée de sept tours, entourée de douves en eau. Construite au 11e siècle sur un éperon rocheux dans la vallée marécageuse de la Nonette, elle contrôle la route de Paris à Senlis. Elle appartient à Guy de Senlis, dit le Bouteiller (charge qu’il occupe auprès du roi Louis VI). Lors des Jacqueries de 1358, le château est pillé puis vendu à la famille d’Orgemont, qui le fait reconstruire. À la fin du 15e siècle, Pierre III d’Orgemont lègue Chantilly à son neveu Guillaume de Montmorency .
Chantilly et la « nouvelle manière »
Avec les Montmorency et plus particulièrement avec Anne de Montmorency (1492-1567), connétable et conseiller de François Ier, d’importants travaux de modernisation de la forteresse sont réalisés par l’architecte Pierre Chambiges : percement des courtines de la forteresse, construction d’un logis, décorations à base de pilastres, loggias, médaillons candélabres…). Des jardins sont aménagés. En 1558, le Connétable achève la transformation de Chantilly en appelant Jean Bullant pour la construction d’un petit château, posé sur l’eau, où s’exprime tout le vocabulaire architectural et décoratif observé en Italie au cours de ses voyages et que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de style Renaissance. Chantilly est alors composé de deux bâtisses : un grand château médiéval et un petit château renaissance.
Les Condé et transformation du grand château
Au 17e siècle, le château passe à la famille des Condé avec Charlotte Marguerite de Montmorency, épouse d’Henri II de Bourbon Condé et mère du Grand Condé. Ce dernier se consacre essentiellement à l’aménagement des jardins avec André Le Nôtre. C’est son fils, Henri Jules de Bourbon Condé (1643-1709), qui, sur des plans de Mansart, transforme complètement la forteresse médiévale en bâtisse de style classique. Celle-ci est démantelée un siècle plus tard lors de la révolution française. Seul subsiste le petit château renaissance et le premier niveau d’élévation du grand château.
Le duc d’Aumale et la reconstruction du grand château
En 1830, c’est Henri d’Orléans, duc d’Aumale, fils du roi Louis-Philippe qui hérite du château de son grand oncle et parrain, le neuvième prince de Condé. En 1876, il entreprend la reconstruction du grand château avec l’architecte Honoré Daumet à qui il demande, non pas de restituer l’ancien château classique mais de s’inspirer des hauts lieux de la Renaissance pour construire un édifice en cohérence avec le petit château d’Anne de Montmorency. Dès l’origine, le château est composé de galeries et de cabinets, conçus pour accueillir les collections de peintures, de livres et œuvres d’art du duc d’Aumale sous le nom de musée Condé ouvert au public en 1898.
Le château est aujourd’hui la propriété de l’Institut de France, depuis le legs du duc d’Aumale en 1886, et l’écrin immuable du musée Condé.