Un bâtiment typique de la première Reconstruction
La Chambre de Commerce de Cambrai est créée en 1848 sous le nom de Chambre consultative des Arts et Manufactures de Cambrai. Elle occupait depuis 1901 sous son nouveau nom l’immeuble qu’elle s’était fait construire à l’entrée du faubourg de Cantimpré, au cœur d’un quartier récent susceptible de devenir un centre de travail et d’affaires, proche du port intérieur de Cantimpré. Ses locaux détruits en 1918, la Chambre de Commerce revient de son exil parisien en 1920 pour s’installer au 10 rue Saint-Géry dans un immeuble de location.
Elle décide de mettre à profit l’élan de la Reconstruction pour édifier en 1927 son nouvel hôtel en centre-ville, plus proche des instances municipales. La création et l’aménagement de la place de la République, à l’arrière de l’hôtel de ville, permettent de concentrer plusieurs activités administratives en un même lieu. La Chambre de Commerce et d’Industrie y est inaugurée en juin 1930.
Une architecture Art déco et régionaliste
Construite sur les plans et sous la direction de Pierre Leprince-Ringuet et d’Ernest Herscher, la Chambre de Commerce et d’Industrie accumule les caractéristiques de l’Art déco. La symétrie de la façade est atténuée par la présence d’un bow-window à gauche, au 2e niveau. Elle est ornée des personnifications géométrisées du Commerce, de l’Abondance et de la Fortune, réalisées par Marcel Gaumont ; les autres parties ornementales sont du parisien Louis Binet et du cambrésien Louis Georges. Jean Dubois, ferronnier de Cambrai, réalise les garde-corps qui soulignent la grande salle des séances à l’étage ainsi que les grilles fermant les trois arcades du rez-de-chaussée.
Tout comme sur la place Aristide Briand, l’architecture Art déco est ici mêlée de régionalisme flamand avec l’utilisation de la brique et la création d’un faux pignon. Celui-ci est décoré d’une grande sculpture en bas-relief de Louis Binet qui représente un écusson aux armes de Cambrai, encadré par les figures de la ville Martin et Martine.
Un intérieur aux nombreuses œuvres Art déco
Un soleil en mosaïque accueille les visiteurs. L’escalier qui dessert l’étage est orné de fer forgé en forme de caducées, ce symbole du commerce aux deux serpents entrelacés autour du bâton ailé du marchand. La montée est éclairée par un vitrail d’Auguste Labouret représentant Cambrai, avec ses monuments, ses usines et leurs cheminées. Dans la galerie du premier étage se dévoilent deux autres vitraux, eux aussi remarquables, du même artiste, avec pour programme le modernisme citadin et rural : hautes cheminées d’usines dont les fumées se fondent aux nuages, toits coniques des malteries à droite ; éléments de matériel empruntés aux sucreries dans un paysage où canaux, ponts et voies ferrées se superposent à un premier plan de meules et d’instruments agricoles à gauche.
La salle des séances est surplombée d’un côté par une imposante carte du Cambrésis signée Émile Flamant, et de l’autre par une toile présentant un mulquinier, travailleur textile, réalisé par Gustave Jaulmes. Tout comme le bureau du Président et la bibliothèque, la salle conserve du mobilier et des luminaires, dessinés en grande partie par Pierre Leprince-Ringuet.
Aujourd’hui, le bâtiment qui appartient à la Communauté d’Agglomération de Cambrai est occupé par des administrations publiques.