Une architecture atypique
L’abbatiale construite au début du 13e siècle bénéficie de libéralités qui en font, avec sa nef de 60 mètres, l’une des plus grandes églises cisterciennes du royaume. Son plan, constitué d’un petit chœur et d’un transept proéminent aux bras dotés de chapelles rayonnantes hexagonales, ne se retrouve dans aucune autre abbaye cistercienne.
Réservée aux offices de l’abbé, la chapelle Sainte-Marie est construite au milieu du 13e siècle. En 1541, François 1er nomme Hyppolite d’Este abbé de Chaalis. Il confie à Francesco Primaticcio, dit « Primatice » le décor des voûtes, où se lit l’influence de la Renaissance italienne. Au 19e siècle, Madame de Vatry fait restaurer l’ensemble sur les plans d’Edouard Corroyer, qui s’autorise quelques remaniements d’inspiration néogothique. Les fresques sont restaurées par Paul Balze, élève d’Ingres, dont l’influence est nettement perceptible. La chapelle est de nouveau restaurée au début des années 2000.
Un élément structurant du territoire
De nombreuses donations foncières conduisent les moines à structurer le territoire. La richesse de la région au Moyen Âge est directement liée à cette économie cistercienne. Ils canalisent la rivière de la Launette au 12e siècle en asséchant les marécages sur lesquels se tient aujourd’hui l’abbaye et implantent des granges comme la ferme de Fourcheret et des infrastructures agricoles, proto-industrielles ou forestières. L’abbaye confirme parallèlement sa place de foyer culturel. Au 14e siècle, Guillaume de Digulleville, prieur de l’abbaye rédige les Pèlerinages, des poèmes qui connaissent un grand succès jusqu’au 16e siècle. En 1541, Hyppolite d’Este fait réaliser des pièces d’eau et une roseraie, encloses par un mur crénelé percé d’un portail monumental attribué à l’architecte italien Sebastiano Serlio.
La survivance d’une tradition artistique
Le logis actuel est édifié entre 1739 et 1741, dans le cadre d’un plan de reconstruction du cloître qui achève de ruiner l’abbaye. L’abbé Louis de Bourbon-Condé, nommé par son cousin Louis XV, commande les travaux à Jean Aubert, qui achève les grandes écuries de Chantilly. Mais la mort de l’architecte et le manque de fonds laissent l’ensemble inachevé. Le projet est repris au milieu du 19e siècle par Madame de Vatry. Elle fait appel à l’architecte départemental, Désiré-Honoré Bellanger, qui démolit l’aile inachevée du projet initial pour réordonnancer le corps de logis principal qu’il encadre de deux ailes qui font face au parc. Les ruines de la ferme sont détruites pour accueillir les écuries et l’orangerie. De nombreuses fêtes sont organisées au domaine, accueillant les amis artistes du couple Vatry-Murat, dont Théophile Gautier et Gérard de Nerval, auquel on doit le sauvetage des vestiges de l’abbatiale que Madame de Vatry envisageait de détruire. En 1902, Nélie Jacquemart-André rachète Chaalis ainsi qu’une partie de la collection Vatry-Murat pour y ajouter les siennes, avant de les léguer à l’Institut de France dix ans plus tard. Elle remodèle une partie du logis et fait transformer le moulin en centrale électrique.