Entre hôtel urbain et villa résidentielle
Le boulevard Jeanne-d’Arc constitue le témoin privilégié de cette transformation de Soissons. La ville jusque-là composée d’un espace urbain dense se dote de larges axes de circulation qui succèdent aux fossés des fortifications. La ville s’étend et libère des espaces. Alors que les principes hygiénistes modifient l’urbanisation, ces espaces libérés donnent lieu à la construction de vastes demeures bourgeoises qui symbolisent une certaine réussite sociale avec cependant peu d’innovations architecturales et décoratives, loin de l’avant-garde que représente l’Art nouveau à l’époque. Le conservatisme est de mise avec un goût affirmé pour les styles Louis XIII, XIV, XV, le choix de demeures aux proportions imposantes dans le paysage urbain, une architecture civile peu novatrice tant dans ses matériaux que dans ses choix esthétiques, à la jonction entre l’hôtel urbain et la villa résidentielle.
Reconsidérer le boulevard au 21e siècle
Plus de cent ans après sa construction, le boulevard Jeanne d’Arc a fait récemment peau neuve avec d’importants travaux de valorisation du quartier Gouraud. La voirie nécessitait d’être refaite, à la fois pour un confort de route mais aussi pour limiter l’impact visuel de la voiture. Les solutions ont résidé dans la limitation des matériaux et la simplicité du mobilier urbain retenu : du pavé gré ou du pavé béton effet granit, pas d’utilisation de peinture pour les passages piétons, une seule ligne de candélabres, des bancs en bois, des platanes pour conserver l’esprit du 19e siècle, une végétation plantée maîtrisée… Ce vaste projet de rénovation a permis de requalifier cet axe majeur dans le parcellaire urbain soissonnais.