Une abbaye durant onze siècles
Le premier évêque Omer, nommé en 638 est rejoint par trois disciples de l’abbaye de Luxeuil Momelin, Ebertamn et Bertin en 651. Ensemble, ils fondent ce monastère, futur berceau de la ville de Saint-Omer. Installée sur une ile au bord d’un marais, l’abbaye contribue à sa mise en valeur par des aménagements hydrauliques.
La première église connue par les textes est un édifice en bois de l’époque carolingienne. À partir de 1045, l’abbé Bovon fait élever une abbatiale romane munie d’une crypte, elle est consacrée en 1105. Le chantier de la nouvelle église gothique sera plus long. Débuté au milieu du 13e siècle par le chœur avec l’abbé Gilbert, il ne s’achève qu’au 15e siècle par la tour avec Guillaume Fillastre. Dans la même période sont réédifiés au sud de l’édifice les bâtiments monastiques répartis autour du cloître. D’autres s’y adjoignent au 18e siècle. Cet ensemble ne survit pas à la Révolution et aux années qui suivent.
Un rôle politique
Le succès de vocations et des dons en fait rapidement une abbaye importante qui entretient des liens étroits avec les pouvoirs publics. Carolingiens, comtes de Flandre puis ducs de Bourgogne placent régulièrement leurs proches à sa tête, y organisent des cérémonies ou s’y font inhumer. L’abbaye est aussi la résidence des personnalités lors de leur passage à Saint-Omer, de Charlemagne à Louis XIV en passant par François Ier.
Un rôle intellectuel et artistique
Saint-Bertin est un des grands scriptorium, atelier de copie et d’enluminure de manuscrits. Elle possède aussi l’une des bibliothèques les plus complètes de l’occident médiéval. Les abbés échangent avec des intellectuels comme Thomas de Cantorbery ou Erasme et participent à la fondation de collèges d’enseignement. Ce sont aussi des mécènes faisant appel aux artistes pour doter leur église. Le musée Sandelin conserve ainsi des figurines en ivoire de l’an mil, des mosaïques romanes ou le pied de croix de Saint-Bertin, pièce d’orfèvrerie majeure du 12e siècle. Parmi les grandes commandes de l’abbé Guillaume Fillastre (vers 1400-1473) figure son tombeau issu de l’atelier Florentin des Della Robbia, premier témoignage de la Renaissance italienne en France du Nord.
Le saccage de l’abbaye est utilisé par Victor Hugo dès 1825 pour réclamer une loi de protection du patrimoine et les ruines sont classées en 1842. À partir de 2007, la consolidation les vestiges de l’abbatiale accompagnent une mise en lecture paysagère du site.