La naissance de Chantilly
En 1684, le Grand Condé, propriétaire du château de Chantilly, décide la construction d’une église pour les habitants des hameaux de son domaine, dépourvus de lieu de culte. Ce projet mis en suspens par la mort du prince en 1686 est repris par son fils, Henri Jules de Bourbon-Condé. Jules Hardouin-Mansart fournit les plans en 1687 (dans le style de l’église Notre Dame de Versailles) et l’édifice est bâti sous la direction de l’architecte Pierre Gittard entre 1687 et 1691. L’église est consacrée en 1692 et la nouvelle paroisse se voit attribuer un territoire, délimité par des bornes : ce seront les limites de la désormais nouvelle ville de Chantilly. Les premiers registres paroissiaux sont ouverts.
Un chef-d’œuvre de classicisme
La première église est de taille très modeste : une nef courte, voûtée en berceau, terminée par un chevet semi-circulaire et flanquée de deux chapelles basses. Une sacristie, une chapelle des fonts baptismaux et deux cours complètent l’édifice qui s’inscrit dans un plan carré. Mais l’augmentation rapide de la population cantilienne au début du 18e siècle, nécessite l’agrandissement de l’église. Entre 1724 et 1734, on ajoute alors deux bas-côtés de part et d’autre de la nef, englobant les deux chapelles du plan initial. Les murs latéraux de la nef sont transformés en grandes arcades scandées par des pilastres corinthiens. Une travée est ajoutée à la nef ainsi qu’un porche et un perron devant l’entrée. Une nouvelle façade est réalisée, composée d’un portail surmonté d’un fronton triangulaire où sont sculptées les armes des Condé. Une plaque de marbre placée au-dessus de la porte rappelle la consécration de l’église à la Vierge. Symétrie, équilibre et sobriété, l’église Notre-Dame possède les caractéristiques architecturales typiques de l’architecture classique française de la Contre-Réforme.
Les aménagements du 19e siècle
Pendant la période révolutionnaire, Notre-Dame Dame est transformée en Temple de la raison. Ses décors intérieurs sont endommagés, démontés. Seuls subsistent les stalles en bois du chœur et quelques éléments du maître autel ainsi que cinq tableaux de Louis de Boullogne (classés M.H.) offerts par les Princes de Condé. Au tout début du 19e siècle, un nouveau mobilier est réalisé : boiseries du chœur et des chapelles latérales, tribunes de l’orgue, confessionnaux et un ensemble de vitraux figuratifs venant remplacer certaines des grandes verrières à bornes légèrement polychromes typiques de la fin du 17e siècle. En 1852-1853, le duc d’Aumale (1822 – 1897), propriétaire du Domaine, fait ériger par Jean-Louis Victor Grisart (1797-1877) un monument dédié aux cœurs des Princes de Condé, conservés avant la Révolution dans l’église Saint-Paul-Saint-Louis à Paris. Il fait aussi aménager deux loges dans les chapelles hautes transformant alors l’apparence du chœur en lui conférant un aspect très théâtral.
Le 20e siècle
Durant la Seconde Guerre mondiale, en 1944, deux obus tombent près de l’église, brisant les vitraux de la nef et ceux de la partie inférieure du chœur. Ils sont remplacés par des compositions contemporaines, figuratives ou abstraites des artistes Théodore-Gérard Hanssen (1885-1957), Jacques Le Chevallier (1896-1987) et Francis Chigot (1879-1960). Les derniers aménagements opérés sont liés à l’évolution de la liturgie dans la seconde moitié du 20e siècle avec le démontage de la grille de clôture du chœur et l’installation d’un nouvel autel.