Henri d’Orléans (1822 – 1897), duc d’Aumale, bibliophile et collectionneur
Fils du roi Louis-Philippe, Henri d’Orléans, duc d’Aumale hérite du Domaine de Chantilly en 1830, à la mort de son parrain le dernier prince de Condé. Militaire (connu pour la prise de la Smalah d’Abd El Kader), homme politique (député de l’Oise de 1871 à 1886), académicien, membre de l’Institut de France, historien, le duc d’Aumale est aussi connu comme l’un des plus grands bibliophiles et collectionneurs du XIXe siècle. Contraint à l’exil en 1848 avec toute la famille royale, il consacre ces années passées en Angleterre à l’achat de tableaux, antiquités et livres et manuscrits (le plus célèbre d’entre eux étant Les Très Riches Heures du duc de Berry). À partir de 1852, il écume les salles de ventes de toute l’Europe, aidé par des conseillers et des rabatteurs et participe à toutes les grandes ventes de la seconde moitié du XIXe siècle (vente des collections de Louis-Philippe, du prince de Salerne, d’Alexandre Lenoir…). Rentré en France en 1871, il continue ses achats de pièces souvent exceptionnelles des plus grands peintres : Raphaël, Carrache, Poussin, Pérugin, Titien, Clouet, Fouquet, Lippi, Champaigne, Watteau, Delacroix, Ingres… Mu par un très fort attachement à son pays, son histoire et ses ancêtres, il souhaite laisser à la France « un monument complet et varié de l’art français ».
Le château, écrin pour une collection
De 1876 à 1885, il fait reconstruire le château de Chantilly – dont la plus grande partie avait été démolie en 1799 lors de la Révolution – pour y abriter ses collections. L’édifice, véritable hommage à l’architecture de la Renaissance, abrite des galeries (pour les tableaux, les vitraux), des cabinets (pour les livres, les gemmes…), un santuario pour les estampes, une tribune rappelant celle de la Galerie des Offices à Florence… Il décide lui-même la place de chaque tableau, de chaque objet, au mépris de la chronologie ou des classements mais suivant ses souvenirs, sa sensibilité, son goût. Avant son second exil (1886 – 1889), veuf et sans héritiers, il décide de donner cet ensemble inestimable à l’Institut de France à charge pour lui de préserver cet ensemble en l’état et d’ouvrir celui qu’il a lui-même nommé « musée Condé » au public. Celui-ci ouvre le 17 avril 1898 un an après la mort d’Aumale.
Le musée Condé aujourd’hui
800 peintures, 2500 dessins, 1500 manuscrits… le musée Condé est le second musée de peintures anciennes en France après le Louvre. Il attire près de 400 000 visiteurs par an. Au-delà de la richesse de ses collections, il constitue un témoignage précieux de la muséographie au XIXe siècle.