Histoire d’une construction mouvementée
La signature du Concordat en 1801 redessine la carte administrative et religieuse française. À Tourcoing, une seconde paroisse est créée en 1805, avec pour église, Saint-Jacques, ancienne chapelle du couvent des Récollets. Très rapidement, la forte croissance démographique rend nécessaire l’agrandissement du bâtiment. Plusieurs fois remaniée, l’église Saint-Jacques est finalement abandonnée au profit de la construction d’un nouvel édifice, plus spacieux et moderne.
Le premier projet, soumis par l’architecte Achille Dewarlez, est écarté face au mécontentement des habitants qui n’approuvent pas cette dépense nouvelle. Plusieurs fois remanié, il est finalement accepté par la préfecture en août 1845. Les travaux débutent la même année. L’église prendra place sur des terrains situés rue Royale (actuelle rue Nationale) donnés par Hortense Augustine Wattine Destombes, fille d’un négociant en laine. L’église est consacrée en 1849 par l’archevêque de Cambrai.
À l’extérieur : un manifeste de style néoclassique
L’architecture néoclassique de Notre-Dame des Anges met à l’honneur des formes géométriques simples, organisées dans une stricte symétrie. Achille Dewarlez réussit le pari de faire coexister des influences multiples (Antiquité, Renaissance…) dans un ensemble cohérent et harmonieux, comme il l’a déjà fait à Notre-Dame de Roubaix en 1844. Le plan simple, sans transept saillant, et les trois nefs spacieuses de l’édifice le rendent fonctionnel pour l’exercice du culte et la réunion des fidèles.
Pourtant, à peine achevée, Notre-Dame des Anges déçoit de nombreux Tourquennois car le goût a évolué vers le style néogothique, remis à l’honneur dans de nombreux édifices de la fin du 19e siècle dont Saint-Christophe.
A l’intérieur : une ornementation foisonnante
Charles Maillard succède en 1850 à Achille Dewarlez et s’attelle à l’ornementation intérieure de l’édifice, qu’il a presque entièrement achevée lorsqu’il décède en 1875. Il s’entoure de nombreux artistes et artisans renommés pour les différentes pièces du mobilier et du décor : Abeloos et Stalars collaborent au maître-autel (1857). C’est également à Abeloos que l’on doit la « chaire de vérité » (1863), remarquable par ses proportions et son ornementation foisonnante de style éclectique. Ces productions côtoient celles de Vermeylen : stalles, banc ou table de communion et porte de la sacristie, réalisées entre 1873 et 1875. Le buffet d’orgue, par Buisine de Lille, renferme un instrument de Daublaine et Callinet (1850).
L’église bénéficie également d’un riche décor peint et sculpté. Un cortège de soixante-dix statues en chêne polychromes, prennent place dans des niches au-dessus des piliers, guidant le visiteur vers l’autel. L’important décor de l’arc triomphal séparant l’abside du chœur s’ajoute aux ornements foisonnants de l’ensemble de l’édifice. Des peintures en grisaille simulent des bas-reliefs de part et d’autre du maître-autel, les figures des évangélistes et de quatre prophètes ornent les piédroits de l’arc triomphal, œuvres du peintre Bruno Chérier à qui l’on doit également le Chemin de croix (vers 1854).
La restauration de Notre Dame des Anges est aujourd’hui engagée grâce à la mobilisation d’habitants passionnés ayant contribué à rassembler les fonds nécessaires au financement des travaux.