La plus ancienne église de Tourcoing
La date de sa fondation n’est pas établie avec certitude, mais les fouilles archéologiques attestent l’existence d’un sanctuaire en pierre avant l’an mil, probablement construit entre le 7e et le 9e siècle. Le premier bâtiment connu avec certitude date du 11e siècle. Depuis 1491, l’église est placée sous la protection de saint Christophe, patron des voyageurs.
Embellissements et reconstructions du Moyen-Âge à la Révolution
Dès le 12e siècle, l’église modeste des premiers temps est agrandie : une nef principale à quatre travées, dont les piliers soutiennent des arcades en plein cintre, ouvre sur un porche. Elle est encadrée par deux bas-côtés. Un transept est ajouté au 13e siècle, puis agrandi tandis que les nefs sont élargies. Ces agrandissements témoignent de la prospérité de Tourcoing qui impose son indépendance dans la production et la diffusion de draps de laine.
Du 16e siècle à la Révolution, l’église subit une transformation totale, chaque campagne d’embellissement correspondant à une période de prospérité pour la ville. La partie occidentale de l’édifice est reconstruite, en doublant la surface initiale. Puis le chœur est élargi pour créer une vaste église-halle qui est une église dont tous les vaisseaux sont de même hauteur et communiquent entre eux, accentuant le caractère vertical de l’espace intérieur de l’édifice. L’espace intérieur est dégagé et éclairé par de grandes verrières. Vers 1723, quelques aménagements comme le maître-autel sont réalisés dans le style classique, sous la direction de l’architecte lillois Thomas-Joseph Gombert.
Un exemple atypique d’architecture néogothique
Située au cœur de Tourcoing, l’église profite de l’ambitieux programme d’embellissement mené au 19e siècle par les municipalités successives qui profitent de l’exceptionnelle croissance portée par l’industrie textile.
L’église est entièrement reconstruite dans le style néogothique à partir de 1852, sous la conduite de l’architecte lillois Charles Leroy. Son plan, ni en croix grecque ni en croix latine, est atypique. Après le départ de Leroy en 1866, l’architecte Charles Maillard, qui n’en est pas à sa première réalisation à Tourcoing, est chargé des travaux de sculpture, de pavement et de mobilier. Son confrère Louis Croïn achève cette œuvre de reconstruction en rehaussant la tour et en terminant la nouvelle sacristie.
En 1900, l’église Saint-Christophe n’a plus grand-chose à voir avec celle des années 1840. Élargie et surélevée, parée d’un décor sculpté très abondant, la petite église de bourg s’est métamorphosée en un imposant monument, visuellement proche d’une cathédrale. Ce «monument unique, à mi-chemin entre la création et le pastiche», selon les mots de l’historien local Alain Plateaux, est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1981.