Saint Lucien, évangélisateur de l’abbaye
Saint Lucien, accompagné de saints Maxien et Julien, a été martyrisé sur le Mont Mille, situé aujourd’hui à Fouquenies, commune limitrophe de Beauvais. Une fois décapité, saint Lucien s’est relevé et a ramassé sa tête. Il prend la route, traverse le Thérain au gué dénommé Miauroy pour se rendre jusqu’à la butte Notre-Dame-du-Thil où il dépose sa tête afin d’indiquer le lieu où il souhaite être enterré. C’est sur ce lieu de sépulture que l’abbaye portant son nom, aurait été fondée.
Une importante abbaye du Beauvaisis
Sa fondation est vraisemblablement antérieure au 9e siècle. L’abbaye est alors un lieu de pèlerinage important dans la région et elle connaît un épanouissement du 11e au début du 14e siècles. Les liens entre cette institution religieuse et l’évêché de Beauvais ont toujours été étroits et chaque nouvel évêque passe la nuit précédant son entrée solennelle dans la ville et son investiture au pied du tombeau de saint Lucien dans l’abbaye. Ainsi, nombreux étaient les évêques à s’y faire inhumer. Vendue comme bien national à la Révolution, les bâtiments de l’abbaye sont démontés pierre à pierre à partir du début du 19e siècle et son riche mobilier est éparpillé.
L’église-abbatiale, un jalon de l’histoire de l’art
À partir de 1089, une nouvelle église est construite pour l’abbaye Saint-Lucien. Son chœur est consacré en 1109 et son transept achevé en 1115. Si ce monument a aujourd’hui disparu, c’était un édifice-clé de l’histoire de l’art marquant l’émergence de l’art gothique en France. Les premières voûtes gothiques semblent en effet apparaître en Angleterre et sont très vite adoptées en Normandie, duché anglais très proche de Beauvais qui en reçoit son influence artistique. Ainsi, l’église-abbatiale de Saint-Lucien est connue par les historiens d’art comme l’une des premières tentatives de voûtement sur croisée d’ogives en France, bien avant l’abbatiale de Saint-Denis pourtant considérée comme le premier jalon abouti de l’esthétique gothique.