Une ville d’eau
Avant la création de la ville au premier siècle, le site de Beauvais n’était qu’une vaste zone marécageuse. Pour assainir la vallée, les urbanistes romains détournent vraisemblablement la rivière et apportent plus d’un mètre d’épaisseur de remblais de craie, stabilisés par des pieux fichés dans les alluvions.
Au Moyen Âge, la rivière est à nouveau détournée non seulement pour alimenter la cité en eau à des fins économiques mais aussi pour la protéger. Des dérivations du Thérain alimentent ainsi le système défensif et plusieurs canaux sont creusés intra-muros comme les rivières Sainte-Marguerite et Saint-François, favorisant l’installation de moulins à blé dès la fin du 10e siècle, puis de moulins à tan, à foulon et à drap à partir du milieu du 12e siècle.
Au début du 19e siècle, les fossés défensifs sont comblés avec le démantèlement des remparts et les canaux urbains, ne servant plus qu’à la collecte des eaux usées, sont enfouis sous terre dans la seconde moitié du siècle.
Une ressource pour l’artisanat et l’industrie
Du Moyen Âge à l’époque moderne, Beauvais est un centre renommé pour son artisanat du cuir et des étoffes. Ce succès s’explique en partie par l’utilisation de l’énergie hydraulique mais aussi par les propriétés calcaires de l’eau qui favorisent la fixation des couleurs sur les textiles. Les draps de Beauvais, de grande qualité, sont alors vendus sur les foires internationales (Champagne, Saint-Denis). La ville fait partie des grandes cités textiles du nord de l’Europe et à la fin du 17e siècle, elle est même considérée comme la quatrième ville drapante du royaume de France. Cette industrie du drap et des étoffes de laine atteint son apogée au milieu du 18e siècle, avant de s’effondrer entre 1780 et 1790.
Dans la seconde moitié du 19e siècle, les grandes industries continuent de s’implanter à proximité du Thérain et de ses dérivations : la Société française des crins artificiels, la Manufacture Française de Tapis et Couvertures (MFTC) ou encore La Brosse et Dupont, la vallée du Thérain étant alors l’un des grands centres français de la brosserie.