Un talent reconnu très tôt
Né en 1815 à Senlis, Thomas Couture suit sa famille à Paris alors qu’il n’a que neuf ans. Son père l’inscrit au Conservatoire des Arts et Métiers, espérant faire de cet élève moyen un artiste-décorateur. Toutefois, Couture excelle et dès 1830 obtient son premier prix pour un dessin d’après ronde-bosse. Il intègre peu après l’atelier de Jean-Antoine Gros (Paris, 1771-Meudon, 1835) puis l’École des Beaux-Arts. Ne gagnant pas le prestigieux Prix de Rome, il ne part pas en Italie et commence à exposer au Salon en 1840. Il propose des toiles chaque année, remportant divers prix de second ordre.
L’année 1847 est celle de sa consécration avec Les Romains de la décadence, aujourd’hui exposée au musée d’Orsay (Paris), peinture avec laquelle il décroche la médaille de première classe. L’œuvre est acquise par l’État et très vite Couture est considéré comme celui qui va renouveler l’art français ; les commandes officielles et privées affluent.
Son atelier, son enseignement
Fort de son succès, Thomas Couture ouvre un atelier dès 1847. Il y forme des dizaines d’artistes, dont Édouard Manet (Paris, 1832-Paris, 1883) et Pierre Puvis de Chavanne (Lyon, 1824-Paris, 1898). Il prend son rôle d’enseignant très à cœur et développe une véritable méthode qu’il décrit avec minutie dans Méthodes et entretiens d’atelier (1867). Pour exécuter un tableau, le dessin est essentiel ; il incite ses élèves à dessiner sur le motif, à parfaire leur technique. Il faut ensuite réaliser des études, des esquisses, pour saisir les principaux traits de la composition. Couture défend une technique rigoureuse, stricte, où peu de place est laissée à l’imagination. C’est probablement à cause du morcellement des étapes de création que Couture se retrouve incapable de répondre aux commandes, notamment celles de l’État pour L’enrôlement des Volontaires et le Baptême du prince impérial. Critiqué, ostracisé, il fuit Paris en 1860 et se réfugit à Senlis, sa ville natale.
Une vie loin de Paris
De retour à Senlis, il loue la chapelle du Chancelier Guérin dans l’ancien palais épiscopal afin d’y installer son atelier. Il conserve dans un premier temps son logement parisien et son atelier d’enseignement, faisant encore pendant quelque temps des allers-retours réguliers. Si le public parisien le boude durant cette décennie senlisienne, il expose aux États-Unis où sa peinture est très appréciée.
En 1868, il quitte Senlis pour Villiers-le-Bel ; la rupture avec la capitale est consommée en 1872, lorsque son Damoclès est fortement critiqué. Il n’enseigne plus qu’à de jeunes américaines et se consacre à sa peinture. Alors que les années passent, son rigorisme de jeunesse fane, laissant place à des œuvres possédant une présence envoûtante et un caractère profondément différent. Libéré des carcans de la peinture d’histoire, il laisse libre cours à son pinceau et à son talent.
Il meurt en 1879 dans l’indifférence. Pourtant, à l’initiative de ses proches, une exposition majeure ouvre en 1880 au sein du Palais de l’Industrie. Cette rétrospective, riche de deux cent quarante-cinq tableaux rassemblés, a démontré l’étendue de son talent.