Retour sur le siège de Beauvais
Juin 1472 : le duc de Bourgogne Charles le Téméraire, en lutte contre son cousin le roi de France Louis XI, ravage la Picardie. Il marche sur Beauvais, ville riche qu’il savait sans garnison. Le 27 juin 1472 débute un siège de 24 jours. L’assaut est violent et les Beauvaisiens, femmes et enfants, s’engagent dans la défense de leur ville. Selon la tradition orale, c’est une jeune fille dénommée Jeanne Laisné qui aurait encouragé les Beauvaisiens à se porter à la défense de leur « bonne ville ». Alors qu’un cortège de femmes amène en procession sur les remparts les reliques de sainte Angadrême, patronne de la ville, Jeanne et ses compagnes, rejointes par les hommes, organisent la défense. À un soldat qui vient de se hisser sur le rempart, elle arrache son étendard et repousse l’assaillant. Cet acte héroïque galvanise les Beauvaisiens qui viennent à bout de l’assaut des Bourguignons.
La reconnaissance royale
La résistance de Beauvais a arrêté l’invasion bourguignonne au nord de l’Ile-de-France. Louis XI se montre généreux à cette occasion avec les Beauvaisiens. Il les dispense d’impôts pour dix ans et en exempte à vie Jeanne Laisné et son époux. En mémoire du siège de 1472, il institue la procession solennelle de l’Assaut. À cette occasion, les femmes précèdent les hommes. Aujourd’hui, les fêtes Jeanne-Hachette organisées chaque année le dernier week-end de juin remplacent la procession religieuse et célèbrent cet événement historique depuis près de 550 ans.
Jeanne Hachette, muse des artistes
Les hommages à cette héroïne sont nombreux à Beauvais : une place, une rue, un lycée, de nombreuses œuvres d’art… Le 6 juillet 1851, une statue de bronze réalisée par le sculpteur Vital-Dubray a été inaugurée en présence du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, au centre de la place de l’hôtel de ville, qui porte aujourd’hui le nom de Jeanne Hachette. Elle a échappé aux fontes de la Seconde Guerre mondiale du fait de la portée historique qu’elle représentait pour la ville.