Un « Château de l’industrie »
En 1860, Tourcoing en plein essor compte plus de 35 000 habitants. La ville tire sa réputation de l’industrie textile en transformant les matières premières comme la laine importée d’Australie et de Nouvelle-Zélande et le coton américain des États de Louisiane et de Géorgie. Cette filature de laines peignées et mixtes qu’est l’usine Van den Berghe-Marescaux est donc emblématique de la ville. Après la Première Guerre mondiale, elle se spécialise dans la production de fils pour tapis.
Démonstration de la richesse et de la puissance de ses propriétaires, cette filature en plein cœur de la ville reprend les proportions imposantes et le vocabulaire architectural des châteaux du Moyen Âge. La cheminée encore visible aujourd’hui est une tour circulaire crénelée et l’ensemble est clos d’un mur d’enceinte arborant les initiales V et M, des familles Van den Berghe et Marescaux.
Une usine en cœur de ville parfaitement intégrée dans le tissu urbain
De l’autre côté de la rue, au 30 rue Sainte-Barbe, la maison du patron de l’usine s’élève sur deux niveaux. Elle se démarque des simples maisons d’ouvriers à sa façade sur rue, au décor plus complexe et travaillé. Typique d’une maison bourgeoise, sa composition architecturale est simple et élégante, le dessin formant une étoile sur la lucarne en œil de bœuf est la seule fantaisie que s’est autorisée l’architecte. Le soubassement gris en pierre, percé d’ouvertures permettant la livraison du charbon de chauffage contraste avec le rouge de la brique.
L’ensemble ainsi formé est un bel exemple d’implantation intégrée au cœur de la ville d’une usine entourée de la maison du patron et des logements ouvriers. Cette organisation de l’espace urbain témoigne du contrôle moral exercé par le patron sur ses employés qui sont davantage surveillés. À la fin du 19e siècle, les usines s’implantent en périphérie de ville et les industriels se feront construire de superbes demeures le long du boulevard de ceinture, à l’écart des quartiers populaires, à distance raisonnable de la pollution de leurs usines et à proximité des espaces verts.
L’Institut universitaire de technologie
L’usine ferme ses portes en 1980, et depuis 1995 l’IUT B a investi plus de 6000 m² réhabilités. Un escalier moderne, répondant aux besoins contemporains, a été installé à l’extérieur mais l’ancien escalier d’origine, étroit, enroulé autour de la cheminée dans une tour de briques a toutefois été conservé. La population étudiante a remplacé les ouvriers dans l’enceinte de l’usine ainsi que dans les petites maisons basses du quartier.