Une économie florissante
La fabrication de dentelle aux fuseaux à Chantilly s’inscrit dans le grand développement de centres de production dans le nord de la France sous l’impulsion de Colbert. Anne de Bavière, princesse de Condé, crée la première école à Chantilly en 1693. Très vite, on commence à réaliser différents types de dentelles et principalement de la Blonde fort prisée au 18e siècle. La Blonde est une dentelle nommée ainsi en raison de la couleur de la soie jaune pâle, issue du cocon du ver à soie, utilisée pour sa fabrication. Cette dentelle fut produite dans des villes comme Chantilly, Bayeux, Caen, etc… Lorsque le fil de soie était teint en noir on parlait de « Blonde noire ». Des marchands dentelliers s’installent à Chantilly et organisent un réseau de production composé de dentellières, dessinateurs, patroneurs, piqueurs, etc. Cet artisanat constitue un revenu d’appoint pour les ménages et fait vivre de nombreuses familles. En 1825, cette industrie emploie plus de 1000 femmes à Chantilly et dans les environs.
Une dentelle de soie noire très prisée sous le Second Empire
Au 19e siècle, les marchands cantiliens délaissent peu à peu la Blonde pour une nouvelle dentelle, noire, particulièrement fine, ornée de pois et de motifs floraux. Pleine de délicatesse et d’un grand raffinement, elle correspond à la nouvelle mode au tournant de la Monarchie de Juillet et du Second Empire. Elle prend le nom de «Chantilly» et connaît un succès retentissant dans l’Europe entière. Elle envahit les robes, châles, ombrelles, éventails, cols, volants… L’impératrice Eugénie de Montijo, femme de Napoléon III en pare ses toilettes et soutient ainsi la mode de cette dentelle de soie noire très sophistiquée. Devant un tel succès, d’autres villes -comme Bayeux ou Grammont – commencent à la produire sous le nom de « Chantilly ».
Disparition et postérité
Dans la seconde moitié du 19e siècle, la mécanisation supplante la production à la main et les dentellières cantiliennes disparaissent définitivement avant la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, la « Chantilly » est toujours produite en France mais dans le Nord et de façon mécanique. Elle est très prisée des maisons de couture telles Dior, Givenchy, Balenciaga, Lacroix ou encore Chantal Thomas qui ne l’ont jamais oubliée dans leurs collections haute-couture et dans leurs robes de mariées en version blanche. Les plus grandes maisons inscrivent la Chantilly dans la modernité.