L’oeuvre d’une femme
En 1773, Pierre Sandelin, comte de Fruges, achète et fait raser l’ancien hôtel du Gouverneur de Saint-Omer pour y faire construire sa résidence d’hiver. Ayant obtenu procuration pour la gestion des affaires du couple, sa jeune épouse Marie-Josèphe Sandelin dirige le chantier de construction et s’installe seule dans son hôtel en 1777, après le décès de son mari en 1776. L’hôtel est confisqué pendant la Révolution mais les origines espagnoles de son ancienne propriétaire lui permettent de recouvrer son bien en 1808, quelques semaines avant son décès.
Une architecture à la française
Après la conquête royale, la ville se couvre progressivement d’une parure à la française. Avec cet hôtel, l’architecte réalise l’un des plus beaux témoignages artésiens de l’architecture civile de la fin du 18e siècle. Le plan est celui d’un hôtel particulier parisien entre cour et jardin. L’ensemble formé par le corps de logis principal et les deux ailes en retour hébergeant les communs, s’organise selon une symétrie parfaite autour de la cour principale. Les liaisons d’angle sont traitées en arrondis dans lesquels sont ménagées les portes d’entrée. La cour pavée est fermée d’un mur en pierre et accessible depuis la rue par un portail central muni d’une grille en fer forgé. De l’autre côté, le bâtiment s’ouvre sur un jardin «à la française». D’esprit «rocaille», un riche décor sculpté de motifs végétaux ou animaux anime les façades en pierre côté cour.
De l’hôtel au musée
En 1899, la ville achète l’hôtel aux descendants de la famille pour y installer le musée. Les collections du premier museum, créé dès 1829 par la société d’agriculture et d’archéologie, s’enrichissent des objets issus des fouilles archéologiques menées à l’abbaye Saint-Bertin, à Thérouanne et de dons ou achats comme le pied de croix de Saint-Bertin. Inauguré en 1904, le musée Sandelin reçoit en legs en 1933 une partie de la remarquable collection Gustave Chaix d’Est-Ange dont des tableaux de Greuze, Lépicié, Nattier, Boilly.
Entièrement restauré de 1996 à 2004, le musée offre un triple parcours d’art médiéval, d’art du 16e au 19e siècle et de céramiques. Avec près de 3000 œuvres et objets d’art, il compte aujourd’hui parmi les principaux « Musées de France » de la région Hauts-de-France.