L’arrivée des jésuites
Après la destruction de Thérouanne en 1553, le souverain Philippe II décide de diviser le diocèse. Avec Boulogne et Ypres, Saint-Omer est promu évêché. Face au développement du protestantisme, son premier évêque, l’abbé de Saint-Bertin Gérard d’Haméricourt, veut faire de Saint-Omer une place forte catholique. Pour renforcer l’enseignement et la formation du clergé et des habitants, il fait appel à la Compagnie de Jésus dont les représentants fondent le collège des jésuites wallons en 1566.
D’une église à l’autre
Face à la croissance des effectifs, la première église devient trop petite. La construction d’un nouvel édifice est mis en chantier et s’étale de 1615 à 1640. Les plans sont donnés par Jean Du Blocq (1583-1656), architecte de la Province jésuite gallo-belge. La réalisation s’inspire du Gèsu, l’église des jésuites à Rome et respecte leurs préconisations : un chœur à peine surélevé, des chapelles latérales peu développées et une vaste nef forment un haut et long volume unifié pour une meilleure diffusion de la parole.
Une synthèse architecturale
L’édifice allie tradition et modernité. D’une part, l’architecte fait perdurer la tradition locale de construire dans le style gothique. Ainsi, l’élévation du bâtiment comporte trois niveaux de même hauteur – grandes arcades, triforium et fenêtres hautes – étayés par de puissants contreforts extérieurs. Le chœur, à cinq pans, se termine par une chapelle d’axe. Les baies ont des remplages flamboyants et les voûtes sont à croisées d’ogives.
D’autre part, il introduit la Renaissance véhiculée par les traités d’architecture, notamment dans le traitement de la façade. Composée de quatre niveaux couronnés par un fronton dont la largeur se rétrécit progressivement, elle superpose les ordres architecturaux de l’Antiquité (dorique, ionique, corinthien et composite). Le portail en pierre bleue de Namur est inspiré du traité de l’architecte italien Serlio. Le retour à l’Antiquité s’exprime aussi dans le décor intérieur (frises, encadrements de baies).
Un nouvel usage
Entre l’expulsion des Jésuites en 1762, sa désacralisation dans l’entre-deux guerres et aujourd’hui, l’église de l’ancien collège connaît des affectations multiples. Sa restauration complète est engagée en 2013 et s’achève en 2017. Reconvertie en lieu culturel pluridisciplinaire, elle accueille une programmation saisonnière autour des arts du spectacle ainsi que des expositions et des visites patrimoniales.