Un monument dans la ville
On fait appel à Victor Laloux (1850-1937), auteur de la gare d’Orsay à Paris, pour construire le nouvel hôtel de ville, face à l’église, sur une grande place rectangulaire, dans la perspective de l’avenue de la gare. Sur 6 150 m², Laloux édifie à partir de 1906 un palais de pierre sur une structure métallique : un corps central surélevé et deux ailes, formant une façade de 100 mètres, largement ouverte, et abondamment décorée, modelée de bossages et de moulures. L’impressionnante travée centrale théâtralise l’entrée.
Un édifice symbolique
Le bâtiment dispose en façade d’un programme iconographique unique. Dans le monumental fronton, prennent place les allégories de La Modération, de La Vigilance, de La Paix et de L’Abondance avec les armes de Roubaix rehaussées d’outils, épeules, rots, peignes et navettes. Au socle, une tête de bélier, décor courant à Roubaix, évoque la laine.
L’élément le plus emblématique est la remarquable frise couronnant l’élévation de part et d’autre du fronton. Six tableaux en bas-relief à la gloire de l’industrie textile présentent, de gauche à droite, les principaux métiers de la fabrication textile : la cueillette du coton et la tonte des moutons, le traitement de la laine et le peignage, la filature, le tissage, la teinture et les apprêts, les manutentions finales et l’exportation. Les personnages plus grands que nature, figés dans leurs gestes quotidiens, contrastent avec les classiques figures du fronton.
Un bâtiment de prestige
La monumentalité est également exacerbée à l’intérieur : l’extraordinaire escalier est digne d’un opéra. À l’étage, le salon d’honneur est l’antichambre des salles du Conseil et des mariages. L’opulence du décor de lambris, moulures, rosaces, denticules et plafonds à caissons peints magnifie les ors de la République. Au rez-de-chaussée, dans la salle Pierre-de-Roubaix, le mythique épisode de la « Charte des drapiers » est dû au peintre roubaisien Jean Joseph Weerts (1847-1927). L’édifice est inauguré, comme la grande exposition industrielle, en 1911 par le ministre du Commerce et de l’Industrie. Ces deux événements marquent l’apogée de la prospérité de Roubaix.