L’église Saint Louis de la paroisse de l’Épidème
La consécration de l’édifice à saint Louis, protecteur des épidémies, est liée à l’histoire du quartier de l’Épidème. Lors de la grande épidémie de peste qui sévit à Tourcoing en 1646, c’est dans cet endroit désert, situé à l’écart de la ville que les autorités installent le cimetière. Saint Louis est également invoqué par les lainiers dont l’activité a contribué à l’essor de la ville de Tourcoing et de ses quartiers au 19e siècle. Financée à l’aide d’une souscription, la construction de l’église est due à l’implication du curé Émile Descamps (1865-1948) qui œuvre également à la création et au financement, au tournant du 19e siècle, du presbytère, du patronage Saint-Louis ainsi que des écoles primaire et maternelle.
Une œuvre de Louis Croin, architecte tourquennois
Contribuant à la même époque aux aménagements de l’église Saint-Christophe en centre-ville, l’architecte tourquennois Louis Croin (1843-1902) est sollicité pour fournir les plans de Saint-Louis. Jean-Baptiste Van Welden, originaire de Roubaix est chargé des travaux de menuiserie ; la sculpture des chapiteaux en pierre blanche et des ornements en plâtre est confiée au tourquennois Edmond Vergin. L’église, pouvant accueillir mille fidèles, est consacrée en 1896 par l’archevêque de Cambrai. Construite en brique et couverte en ardoise, l’église de style néo-roman est décorée de pierre de Soignies (Hainaut, Belgique) et de briques moulurées et vernissées. Sa forme rompt avec le plan en croix traditionnel car elle se compose d’une vaste nef sans transept et une tour-porche couronnée d’une flèche coiffe le massif occidental. Elle conserve un très bel ensemble de vitraux dans le chœur, réalisé par l’atelier du peintre verrier Charles Lorin, et retraçant les actes marquant du règne de saint Louis.
Le Phare : histoire d’une renaissance
Au début des années 2000, une partie des voûtes s’effondre entraînant la fermeture de l’édifice et le déplacement de ses objets-mobiliers, statues, ornements liturgiques et pièces d’orfèvrerie, vers d’autres églises et chapelles de Tourcoing. Menacée de démolition, l’église est désacralisée en 2011 et cédée par la Ville à un compagnon-couvreur qui s’y installe et la réhabilite à l’aide de son entreprise. Il réalise une verrière à l’emplacement des voûtes effondrées et crée de nouveaux espaces de vie et de travail. Son projet est tourné vers la culture et l’économie sociale et solidaire. Des chantiers-école sont initiés afin de poursuivre la restauration du lieu avec des publics en décrochage scolaire ou en réinsertion, issus du quartier et des environs.
En 2017, l’ancienne église, rebaptisée Le Phare, devient un « tiers-lieu » au rayonnement métropolitain, ouvert sur le quartier et accueillant de nombreux événements (concerts, expositions, conférences, activités sportives, etc) ainsi qu’un café culturel, des résidences d’artistes ou encore un espace de co-working.
