Le temple du corps
En 1923, le maire socialiste Jean-Baptiste Lebas charge l’architecte lillois Albert Baert de l’édification de nouveaux bains municipaux avec pour objectif d’en faire « la plus belle piscine de France », un véritable temple dédié au corps, à l’hygiène et au sport. Lebas veut créer un monument politique, une utopie sociale, symbolisant les préoccupations hygiénistes de la municipalité.
Une architecture initiatique
Inauguré en 1932, l’ensemble éblouit la population. Les différents espaces du site s’organisent autour d’un jardin claustral, sur le modèle d’un cloître. Le public entre par le portail central d’une façade néo-romane en béton imitant le grès, un couloir étroit s’éclaire progressivement vers le cœur du site. La grande nef abrite le bassin de natation. Sur le pourtour du jardin se répartissent les cabines de bains et de douches. Les décors intérieurs combinent un style mauresque et byzantin et le courant Art déco . Le grand bassin, couvert d’une longue voûte en berceau, est éclairé par deux vastes baies thermales symbolisant le soleil levant et le soleil couchant, des mosaïques et des céramiques revêtent les bassins et les murs.
Une réhabilitation respectueuse
Pour des raisons de sécurité, l’établissement est fermé au public en 1985. Un concours international est lancé pour sa reconversion dans le but d’y créer un musée. Le projet de Jean-Paul Philippon, qui a aussi réhabilité l’ancienne gare d’Orsay de Paris, est retenu. Les travaux sont engagés en 1998 dans le respect du génie du lieu, le grand bassin et ses cabines sont conservés, des salles d’exposition sont ajoutées.
Un musée d’exception
Deux ensembles organisent la collection. Le fonds Arts appliqués est essentiellement consacré au textile. Il est présenté dans le volume du grand bassin, aménageable en salle pour des événements. Les Beaux-Arts, exclusivement 19e et 20e siècles, se répartissent dans les anciennes ailes de baignoires. Le parcours s’organise autour de grandes signatures (Claudel, Dufy, Rodin) et des artistes d’origine régionale. En 2018, le musée fait l’objet d’une importante extension qui crée de nouveaux espaces, de présenter les œuvres du Groupe de Roubaix et d’accueillir l’atelier du sculpteur Henri Bouchard