Les habitations à bon marché
C’est après la Première Guerre mondiale que le rêve municipal de développer une politique sociale du logement va prendre forme grâce à la loi de 1912 sur le logement social et les offices publics des « habitations à bon marché » ou HBM. Roubaix est alors une des premières villes en France à s’engager dans leur construction.
Le quartier résidentiel envisagé intègre le nouveau plan d’urbanisme de 1921 élaboré par Jacques Gréber. Le programme comprend majoritairement des bâtiments collectifs, construits sur 20 000 m² de terres agricoles, en périphérie sud de la ville, et sera appelé le Nouveau Roubaix. Les immeubles obéissent à des règles de construction identiques mais chaque îlot est confié à un architecte roubaisien différent, offrant ainsi des variations stylistiques qui rompent la monotonie de l’ensemble. Jacques Barbotin, Élie Dervaux, Paul Destombes-Prévost, René et Maurice Dupire, Gustave Poubel s’adaptent aux exigences de l’urbanisme pour créer un morceau de ville avec une forte densité d’occupation mais respectueux du cadre de vie.
Modernité et nouveauté
197 maisons et 584 appartements sont ainsi bâtis en trois campagnes de 1923 à 1929. Le programme est interrompu en 1931 puis est complété en 1951 et 1955. Les nouveaux logements offrent alors un confort absolu, loin de la vétusté des courées ouvrières : eau courante chaude et froide et électricité. Affichant d’indéniables qualités architecturales, ces logements offrent de vraies conditions d’hygiène et favorisent la circulation de l’air et de la lumière. Un square est aménagé au cœur de chaque îlot. Les références stylistiques sont anglo-normandes, Art déco et inspirées de l’école moderne d’Amsterdam. Les maisons individuelles en brique rouge qui s’insèrent dans le programme, effacent leur caractère individuel au profit d’une composition d’ensemble toujours symétrique. Les variations de formes des ouvertures sont nombreuses, l’alternance des briques rouges et des briques de ciment met en valeur les éléments architectoniques et produisent un effet décoratif.
L’opération de réhabilitation réalisée dans les années 1990 a mis en évidence les qualités techniques et plastiques de ces constructions.