1776
La chapelle Saint-Charles présente une façade austère dont l’alignement sur rue ne facilite pas la lecture. La surprise vient en franchissant le seuil de l’édifice. Il s’agit d’un rare exemple soissonnais de l’art religieux du 18e siècle, dont les boiseries sont tout à fait caractéristiques de l’art baroque alors en vogue à l’époque.
Vue vers le chœur © Ville de Soissons
Vue vers le chœur © Ville de Soissons
Médaillon de saint Matthieu © Ville de Soissons
Boiseries du chœur © Ville de Soissons
Attributs épiscopaux © Ville de Soissons
Ramener les fidèles
Les origines de la rue de Panleu remontent aux années 1560. Bordée de vastes hôtels particuliers entourés de jardins et de vignes, le grand séminaire y est fondé en 1668 à l’initiative d’Alexandre Duport, avocat au baillage de Soissons. À peine dix ans plus tard, Mgr de Bourlon fait l’acquisition d’une demeure et des terrains jouxtant le clos de vignes de l’évêque afin d’agrandir le grand séminaire.
La création du séminaire s’inscrit dans le contexte d’une vaste campagne de construction de nouveaux édifices religieux durant la Contre-Réforme tandis que les idées véhiculées par le protestantisme trouvent un écho sans cesse grandissant auprès des fidèles.
Oeuvre de l’architecte soissonnais Lemenceau-Durocher, la première pierre de la chapelle Saint-Charles est posée en 1776. Ses proportions et l’organisation de ses volumes surprennent et constituent le seul bâtiment en élévation conservé de l’ancien séminaire.
Un décor luxuriant
Adoptant un plan basilical afin de placer les fidèles plus près du prêtre, cette chapelle présente une large nef sans transept ni bas-côtés, un plafond plat, un chœur aux proportions modestes dont le volume réduit contraste avec le vaste espace réservé aux fidèles.
S’il se dégage de ce bâtiment néo-classique une impression d’équilibre dans sa composition extérieure, à l’intérieur un luxuriant décor anime de superbes lambris de style rocaille en bois sculpté agrémentés de rinceaux, guirlandes de fleurs, coquillages et corbeilles d’où jaillissent fleurs et gerbes de blé. Originellement destiné à recevoir des séminaristes, il faut voir dans ces éléments décoratifs un programme symbolique : la palme constitue l’attribut des martyrs, l’association d’un livre, d’une mitre, de la crosse épiscopale, d’un flambeau et d’un rouleau de parchemin souligne le rôle fondamental de l’évêque dans sa mission d’éducateur de la foi.
Une nouvelle vocation
Le chœur, de forme simple, est rythmé de belles stalles dont les joues sont décorés d’angelots. Il n’est pas impossible qu’elles proviennent de la cathédrale.
Après la Révolution, la chapelle devient tour à tour hôpital militaire, hospice puis bibliothèque en 1810. Les bombardements des guerres de 1870 puis de 14-18 entraînèrent la destruction quasi-intégrale du séminaire. En 1920 ne subsistent que la chapelle et une partie de l’aile méridionale du séminaire. À la suite à la loi de séparation de l’Église et de l’État, en 1922, cette aile est occupée par les élèves du collège de jeunes filles dont la chapelle devient un temps la salle des fêtes.
Classée monument historique, la chapelle Saint-Charles a fait l’objet de restaurations et de mise en valeur grâce à l’engagement d’une association active et dynamique. Elle accueille aujourd’hui régulièrement expositions et manifestations culturelles.
Soissons naît dans les méandres de la rivière Aisne. Axe de circulation, voie économique, la rivière compose la colonne vertébrale de la cité. La rive droite doit sa notoriété à la puissante abbaye Saint-Médard, lieu de sépulture des descendants de Clovis. L’essentiel de la ville se développe rive gauche autour d’un patrimoine monastique imposant, expression d’un art gothique particulièrement dynamique. Mais Soissons est également une ville à la physionomie redessinée après la Première Guerre mondiale qui depuis affirme un attachement particulier au renouvellement urbain et à la qualité architecturale.
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