Une œuvre à la fonction déplacée
Un jubé est une construction qui sépare le chœur de la nef et de ce fait les ecclésiastiques des fidèles. Les réformes catholiques face à la montée du protestantisme poussent à ôter cette séparation entre l’église et les chrétiens. Placé primitivement à l’avant du chœur gothique de l’église Saint-Géry, il est transféré, en 1740, lors de travaux de rénovation de l’édifice, à l’entrée de la nef où il sert de tribune d’orgue. De fait, toute personne pénétrant dans le monument en empruntant les marches situées place Fénelon, passe sous cette construction majestueuse.
Une œuvre majeure
Le jubé de Saint-Géry est une commande de l’abbé Milot passée en 1635. Il est exécuté en un an par le sculpteur cambrésien Jaspar Marsy (1600-1674), père de Gaspard (1624-1681) et Balthazar (1628-1674) qui travaillent au château de Versailles, et par son atelier. Ce jubé est classé monument historique en 1896. De l’autre côté de la place, se trouve le portail de l’ancien palais archiépiscopal conçu par le même artiste.
L’entrée d’un édifice monumental
Le jubé est réalisé en marbres polychromes de Dinant et de Tournai et en albâtre. Stylistiquement, l’ensemble est tiraillé entre la Renaissance des Pays-Bas et l’introduction du baroque. Quatre colonnes doriques supportent trois arcs en anse de panier enrichis de grotesques. Des colonnettes ioniques à l’aplomb des colonnes et trois statues dans des niches subdivisent le muret attique au-dessus de l’entablement en six panneaux historiés relatant les miracles du christ. Les statues représentent le Christ au centre, saint Augustin et saint Ambroise ou saint Aubert. Les deux médaillons circulaires sur les retours représentent saint Jérôme et un autre personnage non identifié. Les angelots, le décor végétal et les caissons décorés des voûtes complètent cet ensemble très riche mais non homogène.
Lien vers la promenade sonore : Cambrai baroque.