De l’eau pour le textile
À Roubaix et à Tourcoing, les eaux du Trichon et de l’Espierre, deux rivières locales, deviennent rapidement insuffisantes pour les besoins des usines textiles. Après débat, les deux villes choisissent la Lys comme recours aux futures eaux industrielles. L’inauguration et la bénédiction des eaux de la Lys fait l’objet de cérémonies organisées en août 1863. Le nouveau Service des eaux de Roubaix-Tourcoing est chargé de la construction du réseau d’alimentation et de son exploitation.
L’époque industrielle
Auguste Binet, ingénieur et directeur du service (1881-1900), dirige la construction du premier réservoir en 1886 au lieu-dit du Huchon, du nom d’une ancienne ferme, point le plus élevé de la ville, à 52 mètres pour la distribution de l’eau par gravité. Deux nouveaux réservoirs de 1 800 m3 sont ajoutés en 1892, mais l’année suivante, l’un d’eux s’effondre dès sa mise en eau. En conséquence, le deuxième est modifié et sa capacité réduite. Pour compenser, A. Binet propose en 1895 la reconstruction du réservoir disparu, selon un style identique au tout premier ; il est inauguré en 1902. Les deux réservoirs centraux semblent donc identiques mais sont d’époques différentes. Les cuves de fonte à fond concave ont une capacité 1 600 m3, sont à ciel ouvert et accessibles par un escalier métallique extérieur.
Des répliques du 20e siècle
Nourtier, ingénieur et directeur du service des eaux jusque 1941, est l’auteur des deux réservoirs latéraux. Il choisit de démolir le réservoir modifié de 1895 , de le remplacer, et d’ajouter un quatrième réservoir. Ces nouveaux réservoirs sont livrés en 1930. Leurs façades inspirées de leurs aînés cachent une structure en béton armé. Les deux cuves, également en béton armé, ont une capacité de 1 700 m3, sont couvertes et accessibles par un escalier central.
D’une capacité totale de 6 600 m3, les quatre réservoirs du Huchon ont fait l’objet d’une restauration en 1990. Ils délivrent toujours de l’eau dite « industrielle » mais sont désormais alimentés par de l’eau potable. Ils sont inscrits au titre des Monuments historiques depuis 1998.