Un campement de chasseurs paléolithiques
Situé à proximité de la confluence des vallées de la Selle et de la Somme, à quatre mètres de profondeur sous la surface du sol actuel, le site contient nombre de vestiges remarquablement préservés. Grâce à la méthode de datation du carbone 14, cet habitat est attesté de – 23 000 ans avant J.-C.. Il s’agit d’un des rares témoignages de la présence de l’Homme de Cro-Magnon au début du Paléolithique supérieur dans le nord de la France.
Il s’agit très probablement d’un campement de chasseurs. De nombreux silex ont été retrouvés, notamment des pointes de projectiles destinées à la chasse, et de grandes lames transformées en outils. La multitude de restes osseux indique la consommation de viande de cheval.
Des découvertes exceptionnelles
À ces vestiges fréquents dans les gisements paléolithiques s’ajoute la découverte exceptionnelle d’éléments de parure, sous la forme de rondelles de craie percées à la manière de grandes perles, ainsi que de plusieurs statuettes féminines, plus communément appelées Vénus par les préhistoriens. Au nombre d’une vingtaine, elles sont entières ou fragmentées. De dimensions variées (de 3 à 12 cm de hauteur), elles sont sculptées dans des blocs de craie tendre, disponibles dans l’environnement immédiat du site. Plusieurs milliers de fragments de craie retrouvés à côté des statuettes sont sûrement des déchets de fabrication.
Ces sculptures de femmes en ronde-bosse ressemblent énormément aux Vénus retrouvées en Europe, du sud-ouest de la France à la Russie. Les attributs féminins sont très prononcés mais la tête est dépourvue de détails et les bras ne sont pas représentés. Elles constituent une expression symbolique de la femme et plus particulièrement de la fécondité.
Ces objets sont rares, notamment en France où seule une quinzaine de statuettes de ce type ont été répertoriées jusqu’à présent. Les fouilles menées à Amiens-Renancourt 1 sont d’un grand intérêt et les multiples études en cours, rendues possibles grâce à la bonne conservation des objets, vont permettre de renouveler nos connaissances sur ces objets symboliques. Après étude complète, les statuettes seront déposées au Musée de Picardie à Amiens.